Le 25 juin 2019
Les couleurs du printemps se sont estompées, les herbes folles sont devenues blondes, les acanthes ont perdu leurs feuillages, seules leurs hiératiques hampes florales continuent de rythmer quelques paysages. Malgré tout, dans le paysage évoqué d’Afrique du Sud, du Chili d’altitude, d’Amérique subtropicale, d’Amérique aride et de Californie, on peut toujours admirer de belles floraisons. Et sur les abondants écouvillons des Melaleucas d’Australie, petites abeilles solitaires et grosses charpentières, bourdons, scolies et papillons se bousculent.
Le temps est venu de se protéger du soleil…
C’est la bascule qui annonce l’été, le repos des plantes du maquis. Petite période délicate pour qui ne connaît peut-être pas encore toutes les caractéristiques de ce climat méditerranéen, dont la principale est d’être en même temps chaud et sec. Les arbres et arbustes, qui sont pour la grande majorité persistants, profitent des belles saisons que sont pour eux les automnes pluvieux et les hivers doux. Ils font le plein d’énergie pour leurs nouvelles pousses et pour lutter contre la sécheresse estivale. Leurs nouvelles feuilles en place, ils perdent en ce moment, en grande quantité, les plus anciennes, qui en tombant viennent faire des tapis de « fraîcheur » à leur pieds.
Le grand arbousier thuretiana qui se trouve à l’entrée, lui, a fini de renouveler son feuillage mais aussi son étonnante écorce. Cet hybride d’Arbutus andrachne et canariensis créé, le nom l’indique, au jardin de la Villa Thuret à Antibes, exfolie son écorce une seule fois par an. D’un aspect très lisse et de couleur ocre orangé, presque cuivrée, elle se détache délicatement en lambeaux si fins qu’ils s’enroulent parfois sur eux-mêmes, laissant apparaître, tout en contraste, la future écorce jaune nuancée de vert. Progressivement, comme une peau se protégeant du rayonnement solaire, elle reprendra sa belle couleur chaude jusqu’à la fin du prochain printemps.
La diversité des milieux favorise la biodiversité
La prairie de l’Ancien Verger a perdu ses couleurs : moutardes, chardons, mauves, coquelicots, chrysanthèmes et autres messicoles, ont presque fini leur floraison et montent en graine. Restent les carottes sauvages, leurs grandes ombelles blanches, bien visibles, comme des assiettes racoleuses pour toute une ribambelle d’insectes butineurs ou croqueurs de fleurs. Elles naviguent au milieu des gracieuses folles avoines, au gré du vent, et le tableau frôle la perfection quand on aperçoit les trois ânes du Domaine immergés dans ce fouillis végétal… ! Brisbâne, Choukrâne et Bardâne sont revenus, un peu plus tôt cette année, pour nous aider à conserver les deux dernières restanques en prairies. En effet, les ronces ont commencé à s’installer, puis les chênes et arbousiers : les prémices d’une future forêt.
Il est important de garder des espaces ouverts, parce qu’ils sont plus riches en espèces que les milieux fermés, et les deux, c’est encore mieux ! C’est la richesse du Domaine du Rayol que d’avoir tous ces différents milieux, toutes ces strates : des fonds marins jusqu’en haut des grands arbres s’étale une très grande diversité de plantes et d’animaux. Certains habitants sédentaires ou de passage semblent apprécier. Les oiseaux en particulier. Peut-être parce que leur chant n’a d’égal que leur discrétion. Et ils sont si bruyants en ce moment, souvent accompagnés de leur progénitures, qu’il nous est arrivé de répondre que non, nous ne diffusions aucun enregistrement de ces chants, par quelques enceintes cachées dans le jardin….
Nous avons tout le loisir de les écouter grâce aux séances matinales d’arrosages qui ont commencé mi-juin et se prolongeront jusqu’aux prochaines pluies, au moins une fois par semaine. Le sec arrive mais les pousses de printemps sont nombreuses et vigoureuses. Les haies de Pittosporum ont été taillées patiemment au sécateur pour garder un aspect naturel, tandis qu’on a redonné aux haies de myrtes qui entourent le Rayolet, leurs formes strictes grâce aux cisailles. Nous tentons de discipliner toute ces plantes qui bordent les chemins, excepté certaines plantes emblématiques comme dans le paysage d’Australie, où nous envisageons plutôt de déplacer le chemin…
Les jardiniers du Domaine du Rayol