Le 3 août 2020
Chaleur, soleil implacable, vent chaud, une bonne partie du jardin est en repos estival. Beaucoup de paysages ont pris leur visage rude de défense contre la sécheresse. Les jardiniers fauchent les plantes sèches après fructification, et maintiennent un peu d’humidité dans les secteurs qui en ont besoin, soit auprès des jeunes plantations, soit dans les paysages non méditerranéens qui nécessitent des « orages estivaux ».
Les Canaries sont endormies, les Euphorbes et les Kleinia neriifolia ont perdu leurs feuilles, les Aeoniums réduisent leur surface foliaire.
La Californie s’est transformée en steppe, et peu de plantes osent fleurir : les Hesperaloe sont magnifiques de couleur et d’insolence, et les Eriogonum giganteum finissent leur imposante floraison.
L’Australie est aussi au repos : seuls les Melaleuca ericifolia sont en pleine floraison (blanche), accompagnés par les pattes de kangourou Anigozanthos flavidus finissant en beauté leur floraison orange.
L’Afrique du Sud attend le retour des pluies : quelques Crinum powellii roses se distinguent, et les Erica mammosa et baueri commencent leur longue floraison.
Le paysage d’Amérique aride a aussi ses floraisons : quelques Dasylirion wheeleri développent leur grande floraison de velours, l’Opuntia bergeriana nous gratifie d’une floraison rouge-orange éclatante, accompagné du modeste Opuntia leucotricha à la floraison jaune. Les Yucca elephantipes commencent leur opulente floraison blanche.
En Asie, une liane très opportuniste illumine les arbustes de violet : l’Ipomoea leari. Sur le talus séparant la Ferme de l’Australie, une autre Ipomée, l’Ipomoea carica est en joyeuse floraison rose, totalement indifférente à la sécheresse.
Un endroit verdoyant et fleuri se trouve en visitant le paysage d’Amérique subtropicale. Ce paysage, invité au milieu des paysages méditerranéens, regroupe des plantes de climats assez humides, d’Amérique centrale ou du sud du Brésil. Là : une vague formée par les gouttelettes couleur sang des Russelia ; un sous-bois éclatant de la floraison violette des Tibouchina ; les Malvaviscus portant leur floraison rouge pétant ; quelques grands Télantophora grandifolia pliant sous le poids de leurs énormes inflorescences jaunes ; les Duranta timides avec leur floraison bleu clair ; l’Erythrina crista-galli et son étonnante floraison ressemblant à une crête de coq ; et 2 groupes de Bromeliaceae continuent de fleurir, l’Aechmea recurvata (à l’ombre) et le Puya dyckioïdes (en pleine lumière). Le Plumbago nous offre le spectacle d’une cascade de floraison bleu ciel le long de la grande perspective.
Dans le vallon de Nouvelle-Zélande, une ombre fraîche et reposante nous accompagne parmi le bosquet de fougères arborescentes.
En prolongement des jardins terrestres, le jardin marin se découvre accompagné de guides expérimentés : cette année, l’eau chaude et l’herbier de posidonie accueillent quelques bancs d’Atherina, beaucoup de petits chasseurs, notamment des loups Dicentrarchus labrax, un jeune denti Dentex dentex, des bancs de jeunes dorades royales Sparus aurata, et la visite de quelques carangues coubali Caranx crysos.
Alain Menseau
Chef jardinier au Domaine du Rayol