Le 26 janvier 2021
Fin janvier, nous sommes en plein « hiver ». En début de mois, nous avons eu deux petites gelées blanches, 0° à -1°C pendant quelques heures au lever du jour. En cette fin de mois, la douceur est revenue. Nous avons eu aussi de belles pluies, bien utiles pour humidifier le sol profond.
Que de rebondissements entre les couvre-feux et confinements ! Le Jardin reste fermé au public, et le brouillard reste épais sur l’évolution de la situation.
Les jardiniers continuent de travailler, utilisant au mieux cette période très, très calme…
Les plantations en Californie sont terminées pour la saison. Des enrochements discrets soulignent les évolutions. Le paysage a sensiblement mûri, nous attendons les appréciations des visiteurs.
Les gros travaux se portent maintenant sur les paysages du Chili méditerranéen, d’Amérique subtropicale et de Nouvelle-Zélande.
Renforcement de l’évocation du Chili méditerranéen
Le paysage du Chili méditerranéen se situe juste après celui des Canaries, en cheminant sur la grande allée, côté sud. Historiquement implanté avant celui du Chili d’altitude, il a été moins investi par les jardiniers. Depuis 2019, nous avons entrepris d’escamoter un grand nombre de plantes indigènes pour mettre en évidence les plantes chiliennes déjà présentes. Nous avons renforcé massivement en plantes chiliennes. La haie existante de Lithrea caustica a été dégagée de plusieurs lentisques imbriqués, devenant ainsi plus visible. Les deux Schinus molle (faux-poivriers) ont eux aussi été dégagés. Des Haplopappus, une petite Asteraceae tapissante a été copieusement implantée comme couvre-sol.
Sur la partie aval du cheminement inférieur, une bande d’environ 2 à 3 mètres a été éclaircie, ne laissant principalement que les arbousiers. Dans ce sous-bois nouvellement créé, nous allons installer des plantes venant de la forêt valdivienne.
La forêt valdivienne couvre la partie méridionale du versant chilien des Andes, aux alentours de la ville de Valdivia. Cette forêt se caractérise par un taux très élevé d’endémisme. C’est un refuge pour la flore antarctique (datant d’avant la glaciation de l’Antarctique débutée voici 30 millions d’années). On y trouve de grandes similitudes avec les forêts de Nouvelle-Zélande. La moitié des espèces de plantes chiliennes sont endémiques à cette écorégion. La fleur nationale du Chili, la copihue (Lapageria rosea) est une espèce pionnière qui pousse dans les zones perturbées de la forêt valdivienne.
Travaux en Amérique subtropicale et Nouvelle-Zélande
En Amérique subtropicale, le long de l’opus incertum, nous avons mis en exergue la palmeraie de Butia odorata. Ces grands palmiers, originaires du sud du Brésil et d’Uruguay, sont absolument magnifiques avec leurs grandes palmes vert-bleu et leurs fructifications spectaculaires. Ils deviennent aussi imposants que les phœnix des Canaries, avec pour avantage une tolérance notable au Charançon rouge, l’Attila des phœnix. Cette vue en sous-bois laisse deviner la prairie de kikuyu et, derrière, les paysages tropicaux du sud-Mexique, du sud-Brésil et d’Uruguay. La vénérable Erythrine crête-de-coq a elle aussi été dégagée, devenant un point d’ancrage du regard. L’idée directrice est de favoriser la transparence, en supprimant essentiellement une flore opportuniste qui a pu se développer depuis 25 ans, depuis la construction de ces paysages.
Un peu plus bas, en descendant vers la nolinaie, nous avons aussi dégagé une portion de maquis pour créer un sous-bois. Nous pourrons y implanter des lianes florifères, les capucines tubéreuses.
Des travaux ont aussi débuté en Nouvelle-Zélande : tout en bas du vallon, en aval du bosquet de fougères arborescentes, nous avons créé une fenêtre de lumière dans la canopée ici dominée par des chênes verts, afin de laisser la place à un Araucaria colonnaire, originaire d’Océanie.
Coup de projecteur sur le Domaine du Rayol, jardin remarquable
Enfin, nous avons eu la visite d’une équipe de TF1 venue tourner un reportage pour une série consacrée aux jardins remarquables dans le JT de 13h, reportage diffusé lundi 25 janvier. Ce fut l’occasion de montrer la fin des plantations hivernales et la floraison des mimosas qui illumine actuellement le Jardin. Espérons que les jardiniers et les abeilles ne seront pas les seuls à pouvoir en profiter…
Alain Menseau
Chef jardinier au Domaine du Rayol