Faune des jardins : Le roitelet huppé

Faune des jardins : Le roitelet huppé

Le 17 décembre 2021

Je souhaite vous présenter ce mois-ci un petit roi, mais nous y reviendrons.
Est-ce le fait qu’il porte le nom de l’étoile la plus éclatante de la constellation du lion ? Ou bien est-ce lié à sa signification en latin? Là n’est pas le sujet.
Regulus regulus est l’un des plus petits oiseaux d’Europe : 9 cm pour 4-7 grammes.
Dans la catégorie petite taille, un de ses cousins, que l’on peut apercevoir chez nous, est le roitelet triple bandeau. Il se différencie par son plumage plus lumineux (jaune) sur le dos jusqu’à la nuque, de large bandeaux noirs sur la tête et les yeux, et de petites commissures noires au coin du bec, lui donnant un air masqué.
Je vous présente le roitelet huppé !

Roitelet huppé

Roitelet huppé

Roitelet triple bandeau

Roitelet triple bandeau

 

 

 

 

On l’observe dans plusieurs régions françaises mais il a tendance à venir dans le Sud pour éviter les grands froids d’hiver. Il est sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine (2016) mais il n’est pas menacé au niveau mondial.


Un passereau

Il fait partie du grand groupe des passereaux !
Vous les voyez tous les jours, parfois tout le temps, parfois trop…. et dans tous les types d’environnements : moineaux, étourneaux, pies, etc.
Ce groupe d’oiseaux rassemble un tiers des espèces de France et les deux tiers des espèces avicoles mondiales. C’est dire si ce groupe s’est fait sa place sur la planète. Il compte plus de 5 000 espèces d’oiseaux.

Qui sont-ils, ces oiseaux de notre quotidien ?
Ces oiseaux laissent facilement percevoir leur belle voix. Ce sont des oiseaux chanteurs, ils ont des muscles leur permettant de contrôler leur syrinx, la première flûte de Pan ? Non, c’est aussi l’organe au fond de la trachée permettant de faire des vocalises.

Les espèces de ce groupe peuvent être très différentes mais elles possèdent plusieurs caractères communs en plus de savoir chanter.
Les passereaux sont anisodactyles. Ils ont quatre doigts dont trois sont dirigés vers l’avant et le dernier vers l’arrière. lls ont 10 rémiges primaires et 14 vertèbres cervicales. Et la queue est composée de 12 plumes. Ils sont également arboricoles : ils vivent dans les arbres pour la plupart.
Leurs petits oisillons sont nourris au nid par les adultes pendant plusieurs semaines.
Les différences résident dans les tailles, les couleurs et la forme des plumes. Pour donner des exemples extrêmes : la mésange et le grand corbeau.


Petit mais très actif

Roitelet huppé

Roitelet huppé

Le roitelet a un côté rouge-gorge mais en plus petit. Ce petit oiseau gris verdâtre a pourtant un élément distinctif qu’il est difficile de rater. Sur la tête, il possède une calotte jaune citron (pour les femelles) ou jaune orangé (pour les mâles) entourée de deux bandes noires. Il existe donc un dimorphisme sexuel chez cette espèce. Chez les jeunes, le bandeau n’est pas présent. Celui-ci se dévoile après le premier automne.
Cette bande centrale vive se hérisse lorsqu’il est excité ou inquiet. Ses yeux sombres cerclés de blanc et sa fine moustache noire au coin du bec lui donnent un petit air sérieux.

Hyperactif, vous le verrez voleter à droite à gauche, il est toujours en activité. Il peut pratiquer le vol stationnaire. Difficile donc de lui tirer le portrait. Petit par sa taille, il a un appétit d’ogre. Il a besoin de manger plus que son poids par jour. Il vit jusqu’à 7 ans.

D’ailleurs, au cours de sa vie, son activité principale est de rechercher sa nourriture. Ce petit oiseau mange des insectes comme les mouches, les araignées, les œufs et les larves.
Son bec fin et pointu l’aide à aller chercher ses proies qui se cachent derrière les écorces des arbres. Ses griffes longues lui confèrent une accroche sûre sur les branches, même la tête en bas !
Lorsque la nourriture est plus rare, à la mauvaise saison, il descend de son arbre et va la chercher au sol, où il mange des graines ou des insectes.

Question : vous êtes-vous déjà demandé comment font les oiseaux pour dormir sur les branches sans tomber ? Vous visualisez ?
Les oiseaux possèdent des muscles présents dans leurs jambes qui se « verrouillent » lorsqu’ils sont perchés, leur évitant ainsi de tomber lorsqu’ils dorment.


Un hivernant dans nos régions

En hiver, au Jardin des Méditerranées, il vient se mêler aux chants des mésanges, des rouges-gorges, des rougequeues, des geais des chênes et autres passereaux.
Il a un petit son aigu, chantant et saccadé.

Rougequeue noir

Rougequeue noir

Mésange charbonnière

Mésange charbonnière

Rouge-gorge

Rouge-gorge

 

Le roitelet huppé est originaire d’Eurasie et on le retrouve un peu partout dans l’hémisphère nord, où il est une espèce sédentaire ou migratrice partielle. Il peut parcourir de très grandes distances : jusqu’à plus de 2 000 kilomètres ! Notamment les populations habitant le nord de l’Europe, venant de Scandinavie ou de Sibérie. Ne jamais sous-estimer les plus petits !
Plusieurs sous-espèces de roitelets sont endémiques des îles de la Macaronésie (Açores, Madère, Canaries, Cap Vert). Ces petits oiseaux ont une préférence pour la laurisylve d’altitude et les forêts humides qui abritent les épicéas, les pins, les sapins et les mélèzes. Ce sont des oiseaux que l’on retrouve jusqu’à 2 000 mètres d’altitude.
Le roitelet est donc surtout présent dans les milieux boisés, les forêts de conifères et mixtes, ainsi que dans les grands jardins qui possèdent ce type d’arbre. Durant la période de migration, on le retrouve dans les haies, les broussailles et les feuillus.

La recherche de nourriture sous la neige peut s’avérer compliquée, d’autant que le roitelet est dépensier en énergie et, comme le colibri, pour compenser, il doit se nourrir. Lorsque la température baisse et que la nourriture se fait rare dans son habitat d’origine, il vient chercher un lieu un peu plus chaud pour passer l’hiver. Soit en parcourant de grandes distances, soit en redescendant en altitude.
Étant sensible aux hivers très froids, le roitelet vient hiverner dans notre région. Aussi, les régions au climat plus doux sont propices à sa survie et à une meilleure reproduction la saison suivante.

Le roitelet construit son nid, sphérique, assez haut au bout d’une branche, souvent à plus de 10 mètres au-dessus du sol. Il est recommandé de ne pas avoir le vertige… Que les prédateurs viennent le chercher s’ils osent ! La construction attribuée aux deux parents est digne d’un projet architectural, à petite échelle (rapport à sa taille). Sur la partie extérieure, on retrouve de la mousse et du lichen liés avec des toiles d’araignées accrochées à des rameaux fins. Au milieu, de la mousse, et pour tapisser à l’intérieur, des poils et des plumes. Cela peut prendre près de 3 semaines !

Au printemps, fin avril ou début mai, le roitelet huppé mâle attire la femelle grâce à ses chants et à sa crête de feu. Il en profite pour marquer son territoire. Après l’accouplement, Madame roitelet pond jusqu’à 12 œufs et les couve pendant 16 jours (elle peut avoir deux couvées dans l’année). Pendant ce temps, Monsieur se charge des repas.
Après une vingtaine de jours de gîte et de couvert, les jeunes quittent le nid.


Le petit roi des oiseaux

D’après une légende ancienne, de ces caractéristiques de petit oiseau faible, le roitelet a fait une force. Bon, la manière pourrait être discutée… mais le résultat est là. La ruse l’a emporté.
Je vous laisse prendre connaissance de cette légende qui possède plusieurs versions mettant à l’honneur ce petit oiseau :
« Un jour les oiseaux décidèrent de se choisir un roi à l’instar des mammifères qui avaient choisi le lion. Celui qui volerait le plus près du soleil serait élu roi. Le roitelet se cacha dans les plumes de l’aigle, celui-ci cria son triomphe quand tous les autres oiseaux avaient abandonné d’épuisement. Mais le petit roitelet sortit de sa cachette et vola un peu plus haut. Il avait ainsi gagné le titre de roi. Les autres oiseaux ayant honte d’avoir un roi aussi insignifiant refusèrent de le proclamer. C’est ainsi que l’aigle est devenu le roi des oiseaux et le roitelet est devenu le petit roi. »
Roitelet signifiant littéralement « petit roi ».

Ce petit oiseau est empreint de symbolique jusque chez les Indiens d’Amérique du Nord. Il est dit que malgré sa petite taille, il est l’un des oiseaux qui chantent le plus fort à l’aurore pour célébrer l’apparition du soleil. Il est qualifié d’oiseau rieur et joyeux par les Indiens Pawnee. Plus proche de chez nous, cette interprétation se retrouve dans la traduction du roitelet en vieux breton (« laouenan ») qui se traduit par « Joyeux ». Coïncidence ? Je ne crois pas…
Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes et un « Nedeleg laouen » (Joyeux Noël) comme on dit en breton.

Pauline Arnéodo
Guide-animatrice au Domaine du Rayol

 

Sources :
https://www.oiseaux.net/oiseaux/roitelet.huppe.html
https://www.oiseaux.net/oiseaux/regulides.html
https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=ujNJDwAAQBAJ&oi=fnd&pg=PT2&dq=roitelet+hupp%C3%A9+m%C3%A9diterran%C3%A9en&ots=3fcZruccIH&sig=7CAs4l_k5xE_UgKOlx1bOdKojys&redir_esc=y#v=onepage&q=roitelet&f=false
https://www.luminessens.org/post/2016/06/13/le-roitelet
https://www.cnrtl.fr/definition/roitelet
https://xeno-canto.org/species/Regulus-regulus
https://www.etymologie-occitane.fr/wp-content/uploads/2011/10/petouloGrimm.pdf
https://www.lpo.fr/decouvrir-la-nature/fiches-especes/fiches-especes/oiseaux/roitelet-huppe
© Photo de couverture : C. Franklin