Le 12 juin 2020
Après deux mois de fermeture, le Domaine du Rayol, propriété du Conservatoire du littoral, a rouvert ses portes au public le 19 mai dernier.
Dès le début de l’épidémie, la priorité de l’Association du Domaine du Rayol a été la sécurité sanitaire du personnel et des visiteurs. Le 15 mars, avec la fermeture imposée au Domaine du Rayol et le confinement de la majorité des salariés, une autre préoccupation fut d’accompagner le jardin tout au long de ce printemps si particulier. Car contrairement à un bâtiment ou un monument historique, un jardin se transforme rapidement.
Livré à lui-même, il va s’enherber, buissonner pour finalement se refermer. Rien de grave en soi, si ce n’est que le Domaine du Rayol, tel qu’il a été pensé par le paysagiste Gilles Clément, cherche à concilier depuis trente ans dynamique naturelle et mise en scène de la diversité des paysages méditerranéens. Aussi, fidèles à leur pratique du jardinage écologique, les trois jardiniers et le régisseur maintenus à l’œuvre ont eu beaucoup à faire pour entretenir la végétation et conserver l’esprit des lieux, le tout dans le respect des protocoles sanitaires mis en place
Ils ont dû désherber, car printemps, chaleur et soleil valent tous les engrais. Arroser, car durant tout l’hiver et ce début du printemps les pluies se sont faites rares. Composer avec un sanglier qui a eu la mauvaise idée de choisir le Domaine du Rayol pour vivre le confinement. Colmater des fuites, réparer des portillons, préparer les conditions de la réouverture et du retour des visiteurs dans les meilleures conditions.
Les habitués du Jardin remarqueront aussi sans doute le nouveau belvédère au pied du « Grand Eucalyptus ». L’arbre, qu’il a fallu se résoudre à abattre, a succombé à un champignon en fin d’année dernière. Dessinée et réalisée par les jardiniers, la plateforme qui surplombe un magnifique araucaria, nouvelle star de la parcelle, est faite du bois du « Grand Eucalyptus ». Elle conserve ainsi la mémoire des écorces tombées au sol et qui rayonnaient au pied de l’arbre.
Une fois le jardin entre de bonnes mains, il a fallu se soucier de l’outil de travail. Cela faisait plus de 25 ans que le Domaine du Rayol n’avait pas connu soixante-cinq jours continus de fermeture au public. Une situation d’autant plus pénalisante que le Domaine du Rayol, entreprise de 30 salariés, s’autofinance annuellement à plus de 90% grâce à ses 80 000 visiteurs. Sur les 5 premiers mois de l’année 2020, ce sont 20 000 visiteurs de moins comparés au 5 premiers mois de l’année 2019.
Autant dire que les enjeux économiques, mêmes secondaires au regard des enjeux de santé comme de préservation du jardin, ont fortement mobilisé et vont mobiliser encore longtemps l’ensemble de l’équipe et du conseil d’administration. Chômage partiel, obtention d’un prêt garanti par l’Etat pour maintenir la trésorerie, veille administrative des mesures mises en place par l’Etat et les collectivités ont permis de traverser la crise en évitant l’urgence. L’heure est aujourd’hui à la reconstruction et les deux mois de cessation d’activités nous imposent un effort économique d’importance.
Forte de ses trente années d’existence, l’Association du Domaine du Rayol a eu d’autres crises à affronter. Elle a toujours su les surmonter en prenant le temps de bien faire les choses, en unissant ses propres ressources à l’aide de soutiens extérieurs, fondations, collectivités, mécènes, particuliers…
Vos nombreux messages d’encouragement tout au long de la fermeture ont été autant de signes qui nous donnaient confiance en l’avenir et au retour des jours meilleurs. Ils nous ont aussi permis de traverser le plus fort de la crise avec une relative sérénité, sans doute renforcée par l’influence de ce jardin hors du temps que nous côtoyons quotidiennement. Vous croiser à nouveau sur les sentiers qui avaient eu tendance à se refermer en votre absence, vous voir prendre le temps d’un repas au Café des Jardiniers, flâner au milieu des livres à la Libraire ou rêvasser sur les chaises installées face à la mer, nous donnent l’énergie nécessaire pour affronter la tâche qui nous attend. Pour cela, soyez-en remerciés.
Olivier Arnaud
Directeur du Domaine du Rayol
© Photo : Marco Strullu
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