Le 16 septembre 2019
Les saisons au rythme d’une respiration.
Des poumons qui s’emplissent puis se vident.
Des ressources qui apparaissent puis disparaissent.
Une cage thoracique qui se gonfle puis se dégonfle.
Une source qui grossit puis se tarit.
L’oxygène entre et sort, calmement, paisiblement, ayant pour seul maître d’orchestre : le temps.
L’été est une longue expiration, un long souffle, léger mais brûlant, invisible et écrasant, calme et pourtant éreintant.
L’été en Méditerranée, c’est une faune et une flore qui, à l’image de l’apnéiste, prépare sa mise en veille, gonfle ses poumons une dernière et profonde fois, puis plonge.
L’été en Méditerranée, c’est entamer une descente en retenant sa respiration, dans les abîmes du grand bleu.
La respiration est bloquée, la tête est maintenant complètement immergée. Les premières fortes chaleurs sont arrivées, la descente peut commencer.
L’eau emmagasinée dans le sol va peu à peu se raréfier, la terre va subir les assauts violents des rayons du soleil, les vents vont venir amplifier le phénomène de sécheresse. Toujours pas de pluie… Pas même un orage.
Prendre son mal en patience. Cette expression à connotation généralement négative pourrait cependant parfaitement et objectivement résumer certains aspects d’un été passé sur les bords de Méditerranée.
Il faut maintenant penser à remonter. Les ressources commencent à manquer. Il va falloir puiser dans ses dernières forces.
Mi-septembre, première journée de pluie ! C’est un corps entier qui jaillit des profondeurs, accompagné du son salvateur d’une longue et profonde inspiration.
Les jeunes végétaux, qui ne sont pas encore prêts à braver l’exploit de passer un été en totale autonomie, seront arrosés pour leur permettre de survivre durant cette période.
Mais lorsque l’été s’éternise, un élément vient faire la différence. La période à laquelle le végétal a été planté. Ils ne passeront pas l’été pareillement s’ils ont été plantés en début ou en fin d’automne.
Les plantes mises en terre au début du mois d’octobre, juste après l’arrivée des premières pluies, alors que le sol est encore chaud de l’été, vont pouvoir s’enraciner rapidement. Le mélange sol chaud et humidité va permettre à la plante de développer son système racinaire rapidement et donc de vite s’endurcir.
Pour les végétaux mis en terre en décembre, c’est différent. Certes, les sols sont humides, mais ils se sont refroidis. Le développement racinaire ne se fera alors qu’au printemps. Le problème est que si le printemps est sec, l’été risque d’être douloureux.
Le conseil serait donc de ne pas perdre de temps. Dès les premières pluies, il faut planter !
La pluie est revenue mais la vigilance doit rester de mise. Les sols asséchés vont avoir besoin d’encore quelques journées pluvieuses avant de se regorger.
L’été fut long, mais la longue inspiration de l’automne se dessine… enfin !
La surface n’est plus qu’à quelques mètres, le plongeur va reprendre son souffle… enfin !
Charles Guerlain
Jardinier au Domaine du Rayol