Le 9 mars 2021
Ce mois ci, les pompons jaunes sont encore à l’honneur dans la parcelle australienne. Ils apportent du soleil qui, il faut le dire, fait du bien en ce début de printemps 2021.
Au milieu de ces acacias, qui ont fleuri un peu partout dans la colline, d’autres plantes sortent de leur torpeur hivernale : les amandiers sauvages, les bruyères et les cistes. Le printemps s’installe doucement…
Au Jardin, les plantes australiennes aussi se réveillent, et parmi elles : le Kunzea baxteri.
Une Myrtacées, bien racée si je puis dire. En effet, ce petit arbuste se pare de jolies boules rouges écarlates… D’où son nom qui lui va bien : le Kunzéa écarlate !
Eclatant de couleur !
C’est visuellement une explosion d’étamines qui forment ce beau bouquet rouge. Ces inflorescences vous feront peut-être penser à celles des rince-bouteilles tels que les Callistemons et les Melaleucas. Et vous ne vous y tromperez pas, puisque le Kunzea fait partie de la même famille.
Le grand nombre d’étamines est caractéristique des Myrtacées. Chez les Kunzea, celles-ci sont plus longues que les pétales (contrairement à ses cousins Leptospermum) donnant à la fleur cet aspect « goupillon ». Une autre espèce possède également des fleurs rouges, Kunzea pulchella.
Il existe environ 40 espèces de Kunzea bien représentées en Australie, et dont une espèce est présente en Nouvelle-Zélande (Kunzea ericoides, surnommé Kanuka).
Un peu d’histoire…
L’espèce Kunzéa baxteri a été décrite pour la première fois par Johann Klotzsch en 1836, et a été nommée Pentagonaster baxteri. En 1844, elle est renommée Kunzea baxteri par Johannes Conrad Schauer.
Le genre Kunzea fait honneur à Gustave Kunze (1793-1851), un entomologiste et botaniste allemand qui a travaillé sur la classification des fougères et des orchidées. L’espèce, quant à elle, est dédiée à William Baxter (1787-1871), un botaniste britannique, collectionneur de plantes exotiques et tropicales d’Australie pour les pépiniéristes.
Son berceau se trouve dans les zones côtières du sud de l’Australie occidentale, entre la forêt de Jarrah (Perth), les plaines d’Espérance ainsi que les plaines côtières de Swann. Cette espèce se retrouve jusqu’à 100 km à l’intérieur des terres dans le mallee australien. Il se développe dans les sols sableux, proches d’affleurements granitiques au milieu des bruyères, des broussailles ou des bois.
Kunzea baxteri se plaît sous le climat méditerranéen. Il est cultivé dans notre région depuis maintenant plusieurs années comme plante d’agrément, à partir de boutures et sur porte-greffe de Kunzea ambigua. En effet, il faut environ 6 ans à la plante pour fleurir à partir des semis.
Cependant, le Kunzéa écarlate s’adapte également aux climats plus humides. Il supporte de légères gelées, avec un drainage suffisant, une position ensoleillée et légèrement ombragée.
Un arbuste pyrophyte
C’est un arbuste de 1 à 3 mètres de haut, pyrophyte, dont l’écorce s’exfolie avec le temps.
Pyrophyte ? La plante résiste plutôt bien aux incendies, et surtout, elle en tire profit en libérant un grand nombre de petites graines dans le sol lorsque le fruit est mûr.
A la différence de ses congénères australiens, ses capsules libèrent les graines chaque année, lorsque celles-ci sont sèches et cassantes. Les fruits tombent indépendamment car ils ne sont pas attachés les uns aux autres. Tandis que chez les Callistemons, Melaleucas et Leptospermum, les graines peuvent être retenues plusieurs années dans le fruit. Ils ne sont libérés que lorsque la plante se dessèche et meurt, ou si un incendie passe, permettant aux fruits de s’ouvrir sous la pression du feu.
Le Kunzea baxteri possède un feuillage vert persistant. Il fleurit à la sortie de l’hiver et au printemps. Parfois, sa floraison est sporadique, ce qui nous permet d’observer ses fleurs à l’automne s’il y a eu des pluies estivales.
C’est une plante nectarifère qui fait le plaisir des abeilles, des bourdons mais aussi de différents animaux tels que les oiseaux, attirés par la couleur des fleurs. La preuve en image : ces petits insectes se délectent de leur nectar.
L’huile essentielle, provenant des feuilles de Kunzea ambigua, possède des propriétés anti-inflammatoires, antibactériennes, antivirales et antifongiques. Son écorce est aussi utilisée pour assainir la peau. Certains oiseaux l’utilisent même pour enlever les parasites de leur plumage.
Les Myrtacées, aromatiques et odorantes
Les Myrtacées, sont une grande famille, emblématique d’Australie dans laquelle nous retrouvons Eucalyptus, Callistemons, Melaleucas et Leptospermum… Mais pas seulement !
Cette famille compte près de 144 genres de plantes et 5 774 espèces distribuées dans certaines zones tempérées mais aussi dans les zones équatoriales, subtropicales à tropicales.
Parmi les plantes emblématiques, le giroflier (Syzygium aromaticum) dont les boutons floraux nous fournissent les fameux clous de girofle, au goût et à l’odeur très prononcés, et le goyavier (Psidium guayava).
Avez-vous remarqué qu’une grande partie des Myrtacées sont des plantes aromatiques et odorantes ?
Les arbres et arbustes sont capables de synthétiser des essences aromatiques contenues dans des glandes dites schizogènes, parfois visibles par transparence dans le limbe des feuilles. Ce sont des sortes de poches, de cavités ou des canaux présents dans les tiges et les feuilles qui contiennent des substances aromatiques ou des tanins.
De nombreuses Myrtacées sont utilisées comme source d’huile essentielle pour des usages cosmétiques et thérapeutiques. Nous pouvons citer notamment la fameuse huile essentielle de Tea tree (Melaleuca alternifolia) pour ses vertus antibactériennes et antivirales, de niaouli (Melaleuca quiquenervia) ou encore d’Eucalyptus citronné que nous retrouvons dans certains produits pour éloigner les moustiques.
La majorité des Myrtacées sont tropicales mais, petite exception européenne, le myrte (Myrtus communis) présent en Méditerranée est une des reliques de cette époque lointaine où les flores tropicales s’étendaient jusqu’à de hautes latitudes.
Pauline Arnéodo
Jardinière et guide-animatrice au Domaine du Rayol