Le 23 septembre 2024
Noms vernaculaires : Tibouchine laineuse, Fleur araignée, (Large leaf princess flower, Purple glory bush, etc. en anglais, (Puccio in Mazza, 2008)).
Nom scientifique : Pleroma heteromallum (D. Don) D. Don, Mem. Wern. Nat. Hist. Soc. 4: 295. 1823.
Synonyme couramment utilisé : Tibouchina heteromalla (D. Don) Cogn.
Nom de la famille : Melastomataceae Juss., Gen. Pl.: 328. 1789.
S’il est une famille de plantes sur laquelle le Domaine du Rayol ne doit pas investir, c’est bien celle des Mélastomatacées. Largement tropicale (Carte 1), cette famille se distingue assez facilement par les nervures des feuilles (une fois n’est pas coutume). Celles-ci sont nettement marquées, parcourant le limbe de part en part, à la fois sur les bords et au centre, se rejoignant sur la partie terminale (Photo 1, A.). En plus de cette caractéristique, certaines espèces – dont notre plante du mois – sont dotées d’une pilosité soyeuse au toucher (Photo 1, B). Cet attribut explique l’appellation vernaculaire de « tibouchine laineuse ».
Carte 1 : Distribution principalement tropicale sauf sur la côte ouest des États-Unis de la famille des Mélastomatacées selon les 81 3614 occurrences du site GBIF consulté le 09/09/2024.
Photos 1 : Détails des feuilles de la tibouchine laineuse.
A. Nervures caractéristiques de bon nombre d’espèces de la famille des Mélastomatacées.
B. Dense pilosité sur la face supérieure de notre plante du mois.
© Domaine du Rayol, Jérémy Tritz, septembre 2024.
L’espèce à l’honneur ce mois-ci, la tibouchine laineuse ou Pleroma heteromallum en latin est une habituée des jardins exotiques. Vous la trouverez souvent sous l’appellation latine de Tibouchina heteromalla. Elle déploie sa beauté discrètement, cherchant des zones ombragées et humides pour s’épanouir. Au Domaine du Rayol, elle fait partie d’un des « jardins invités », dans une zone composée de paysages et d’atmosphères plus tropicales que d’ordinaire, tout comme Telanthophora grandifolia dans la même zone, (lire à ce propos : « Un séneçon pas comme les autres »). La tibouchine laineuse est originaire du Brésil, du sud de la Bolivie et de la Guyane principalement, (Powo, 2024). Les « jardins invités », comme celui d’Asie subtropicale où il y a les bambous par exemple, ne sont pas typiquement méditerranéens. Ils correspondent à des plantes plus exubérantes, plus grandes, plus vertes disons, que celles vivants dans les climats méditerranéens.
En violet, inflorescences élancées de la tibouchine laineuse.
© Domaine du Rayol, Jérémy Tritz, septembre 2024.
Un « mauvais placement » est lié aux tendances actuelles sur le climat en région méditerranéenne (Cramer et al., 2018). Il fait plus chaud en général, surtout l’été, et il pleut moins sur l’année. Cette évolution amène alors à investir dans des flores de régions plus chaudes et plus sèches (Tritz et al., 2024). Il n’apparait donc pas très judicieux d’investir sur d’autres membres d’une famille tropicale.
La culture de notre plante du mois est relativement aisée, tout comme la plus classique tibouchine d’Urville (Pleroma urvilleanum (DC.) P.J.F. Guim. & Michelang.). Placez-la à l’ombre, arrosez régulièrement et maintenez une atmosphère humide, de préférence dans un sol acide. En dehors des régions méditerranéennes, il est conseillé de la cultiver en pot. Vous pouvez la sortir durant l’été puis la rentrer à l’intérieur en hiver. Si ces conditions sont respectées, vous pourrez admirer cette plante pouvant mesurer près de 2 mètres de haut, avant qu’il ne fasse trop chaud !
À bon observateur !
Jérémy TRITZ
Responsable scientifique, botaniste au Domaine du Rayol