Le 25 septembre 2018
Le Chili présente des paysages surprenants, avec une flore ayant peu de cousinage avec la flore présente autour de la mer Méditerranée. Durant l’été et l’automne, notre regard est attiré par la floraison colorée des Alstroemères, appartenant à la famille des Alstroemeraceae.
Cette famille ne comprend que quatre genres, les Drymophila dans le sud-est australien, les Luzuriaga en Amérique du Sud et en Nouvelle-Zélande, les Bomarea du Costa-Rica à l’Argentine, et enfin le genre Alstroemeria riche de près de 130 espèces réparties dans toute l’Amérique du Sud. Nous retrouvons avec cette famille le cousinage entre les flores d’Amérique du Sud et d’Australie, autrefois reliées au sein du Gondwana par l’Antarctique (jadis non gelé).
Le Chili compte environ 35 espèces d’Alstroemeria, la région au climat méditerranéen entre 28° et 37° de latitude sud concentrant la plus grande variété d’espèces.
Les Alstroemères chiliens sont pollinisés par des bourdons (Bombus sp.), des abeilles sauvages et des papillons. Les espèces brésiliennes et tropicales sont pollinisées par des oiseaux.
La dispersion des graines se fait grâce à l’ouverture explosive des fruits secs.
Un bulbe comestible…
Le bulbe de plusieurs espèces d’Alstroemères est consommé sous forme de fécule, appelée « el chuño de liuto » : c’est une culture traditionnelle des Mapuches, les indiens les plus nombreux au Chili, et des chiliens pauvres.
Cependant, si le tubercule est comestible, la plante entière est toxique. Elle provoque des dermatites allergiques. Chez les Yanomanis, peuple indien d’Amazonie, le manaka-ki (Alstroemeria sp.) est une plante de sorcellerie censée rendre les femmes stériles.
Les Mapuches donnent le nom de rayen-cachu (ami fertile) à l’Alstroemeria aurea.
… qu’affectionnent les sangliers
Au jardin chilien du Domaine du Rayol, nous cultivons essentiellement des Alstroemères hybrides, issus de croisements entre des espèces chiliennes et des espèces brésiliennes. Nous avons aussi implanté deux espèces botaniques : l’Alstroemeria aurea, le rayen-cachu des Mapuches, et l’Alstroemeria ligtu, le fameux liuto comestible.
De temps en temps, quelques sangliers aventureux font des incursions dans le Jardin : ils sont vite attirés par les bulbes d’Alstroemères, et ravagent toute la parcelle. Les jardiniers ont trouvé une parade en plantant les bulbes d’Alstroemères sous des grilles en treillis métallique soudé, que nous escamotons ensuite en les recouvrant de terre et de compost : n’étant plus « retournés » par l’ardeur fouisseuse de messire sanglier, nos chers bulbes peuvent enfin se développer.
Alain Menseau, chef jardinier au Domaine du Rayol