Le 4 janvier 2017
Ce mois-ci, nous allons à la rencontre d’un arbre, le Quillaja saponaria. Il se trouve au début du paysage du Chili, au bord du chemin. C’est déjà un petit arbre de près de 5m de hauteur, en pleine croissance, un arbre d’avenir. Il a 15 ans, et adulte, il devrait atteindre 25 m !
Une espèce vielle de 20 millions d’années
Les Quillaja forment un groupe de trois espèces uniquement sud-américaines, en terme botanique, originaires du Nouveau Monde. Ils étaient placés dans la famille des Rocaceae, vaste famille très accueillante, qui contient beaucoup d’arbres fruitiers tels pommiers, pêchers, cerisiers, et les spirées dont on les croyait proches.
Mais lors des révisions taxonomiques, une étude génétique a montré qu’en réalité, il s’agit d’une famille originale, ne comprenant que ce genre, et que l’on a donc appelé les Quillajaceae. Qui plus est, si les Rosaceae sont classées dans l’ordre des Rosales, les Quillajaceae se sont retrouvées classées dans les Fabales. Un tel chambardement taxonomique n’arrive pas tous les jours…
Mais en quoi est-ce intéressant ? Eh bien, car cette famille devient une survivante des flores du Gondwana, présentes sur l’Antarctique… Elle date donc d’avant la glaciation, commencée voici 20 millions d’années, après la séparation avec l’Amérique latine… pour cause de dérive des continents.
Le Quillaja : De l’usage quotidien à la permaculture
Notre Quillaja est connu sous le nom de « bois de Panama » et est utilisé en tant que savon. C’est l’écorce qui est utilisée, et qui est très riche en saponines. Il est cultivé jusqu’en Californie et en Inde. Les usages traditionnels amérindiens sont nombreux. Mais étant donné la puissance du produit, il est prudent de l’utiliser sous le contrôle d’un phytothérapeute. Il est très utilisé pour la lessive, en ébénisterie, et pour les shampoings naturels.
Et enfin, son succès récent vient de la grande vogue que connaît actuellement la permaculture, où il est cité dans le livre de Bill Mollison. En effet, Bill recommande d’associer le Quillaja avec les arbres fruitiers, il aurait un effet répulsif sur les insectes et permettrait de réduire drastiquement les interventions pesticides. On est bien là dans ce génie naturel que nous essayons modestement de mettre en place au Domaine du Rayol.
Les jardiniers du Domaine du Rayol