Le 21 novembre 2017
La fraîcheur hivernale commence à arriver, et avec elle certaines floraisons automnales spécifiques des plantes méditerranéennes. Une d’entre elles retient notre attention : c’est la posidonie. Paradoxalement, c’est une plante difficilement observable directement en cette saison, elle vit en effet sous l’eau. On retrouvera néanmoins, sur la plage, de la matière morte. C’est la matte et les pelotes de posidonies, si caractéristiques.
Ses caractéristiques
Ses racines et ses fleurs la classent non pas dans les algues, mais dans les plantes monocotylédones sous-marines du clade des Magnoliophytes. Plante endémique de la Méditerranée, qui ne vivra donc que dans cette mer, Posidonia oceanica fait, comme les plantes terrestres, de la photosynthèse par la lumière du soleil. De ce fait, elle ne peut vivre qu’en zone sous-marine où la lumière du soleil pénètre. En condition théorique où l’eau est parfaitement transparente, cela équivaut à 40 mètres de profondeur. En pratique, elle se retrouve souvent jusqu’à 20-25 mètres de fond. Comme beaucoup de plantes terrestres, la posidonie est une angiosperme. Elle va donc faire de petites fleurs, sous l’eau, pas d’abeilles, pas de pollinisateurs. Les fleurs n’ont aucune utilité à être colorées, elles sont donc blanches. Sa floraison n’a pas lieu chaque année, mais environ tous les deux à cinq années, en automne, et dépend des variations de la température de l’eau en été.
Un écosystème à part entière
Comme beaucoup d’herbiers sous-marins de par le monde, la posidonie sert de refuge aux poissons et autres créatures marines. Saupes, dorades, mais aussi poulpes et grandes nacres peuvent s’y retrouver. Mais la posidonie fait beaucoup plus. En plus de fournir le gîte, elle est la principale source de l’oxygène dissous dans l’eau, produisant jusqu’à 20 litres par jour et par mètre carré. Elle est donc l’indispensable maillon pour le renouvellement de cette molécule nécessaire à la vie sous-marine. Arrivant sur les plages par les courants marins, ses résidus ont une action anti-érosion en évitant au sable de partir en mer.
Une belle plante menacée
Sa principale menace est d’origine humaine. Le mouillage des bateaux dans l’herbier peut, en détachant l’ancre, arracher les plants de posidonies. Une seconde menace apparaît alors : Caulerpa taxifolia et Caulerpa racemosa. Ces algues profitent de la disparition de la posidonie pour s’installer à sa place, rendant l’endroit impossible à coloniser par les espèces animales et végétales marines. La pollution et la turbidité de l’eau participent aussi à cette disparition lente mais sûre.
Des programmes de protection
Face à cette problématique, divers programmes de valorisation de cette plante indispensable aux écosystèmes méditerranéens ont été entrepris. Ainsi, dans le Var, il est désormais interdit de mouiller au-dessus d’un herbier de posidonies. Auparavant, la matière morte se retrouvant sur les plages était immédiatement ramassée par mesure esthétique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les résidus sont laissés, du moins durant toute la saison hivernale, moment des tempêtes et de l’érosion rapide des plages, où la matière sèche joue donc pleinement son rôle anti-érosion.
En conclusion
L’herbier de posidonie est capital pour l’écosystème marin méditerranéen, mais aussi d’une fragilité importante. Sa protection permet progressivement un retour à un niveau de posidonies normal, se traduisant directement pour les activités humaines et plus particulièrement touristiques à une préservation des plages et des environnements aquatiques.
Les jardiniers du Domaine du Rayol