Le 30 juin 2017
En ce début d’été, certains végétaux se mettent à fleurir au Domaine du Rayol. C’est le cas de Vachellia karroo (anciennement Acacia karroo). En vous y promenant, vous pouvez sentir son odeur très agréable. Il se couvre d’une multitude de pompons jaunes, qui contrastent avec ses feuilles vert foncé. Il est très beau ! Mais pas seulement… Allons dans la région du Karroo en Afrique du Sud pour comprendre la communication des plantes.
La communication entre les plantes
Tout commence dans les années 1980, lorsque des antilopes Koudous (d’élevage) sont retrouvées mortes à proximité de ces arbres. Dans leur enclos, il n’y a plus que des herbes sèches et Vachellia. Cela va intriguer plus d’un scientifique.
C’est toute une (co-)évolution entre la plante et l’animal. Imaginez une girafe dans la savane, broutant des Vachellia. Au fil du temps, le Karroo va évoluer et développer des épines pour se défendre. Elles sont étroitement espacées et peuvent mesurer jusqu’à 25 cm de longueur ! Les langues des girafes, quant à elles, sont longues (jusqu’à 50 cm) et peu large pour passer entre les épines. Et leur bouche est remplie d’antiseptique. On peut supposer dans l’évolution que l’arbre va continuer à se défendre. Vachellia va produire des tanins. À une certaine dose, ces tanins sont toxiques pour les animaux. Ces derniers vont sentir que le goût des feuilles change. La girafe va brouter un peu sur chaque individu pour éviter une concentration de tanins. Les scientifiques ont analysé les concentrations de tanin dans les feuilles : 2 heures après un stress, ils ont été multipliés par 2,5. Continuons dans l’évolution…
Si vous êtes un végétal et que vous vous faites brouter par un herbivore, il y a de fortes chances que vous préveniez vos amis du danger… Le Karroo l’a fait ! En cas de danger, l’arbre va produire des composés organiques volatils (VOC) tels que l’éthylène. Ces derniers se répandent grâce au vent jusqu’à 6 m de distance. Lors du contact de l’éthylène avec les feuilles d’autres individus, ils vont produire, à leur tour, des tanins. Cela devient plus difficile pour se nourrir si tous les sujets produisent du tanin… Dans nos contrées européennes, nous sommes certains que l’érable et le peuplier ont le même mécanisme, mais sont un peu plus lents…
On comprend ainsi mieux pourquoi les girafes remontent le sens du vent !
Caractéristiques de l’Acacia Karroo
Revenons à nos… Vachellia. Les espèces faisant partie de ce genre sont d’anciens acacias. Ils regroupaient 1415 espèces, dont environ 960 espèces provenant d’Australie. Aujourd’hui, le genre initial a été éclaté en 5 genres différents (les études phylogénétiques ont permis de les différencier). Ils font partie de la famille des Fabaceae (qui contient notamment le pois, la glycine, le haricot).
Vachellia karroo a une aire de répartition située en Afrique, du Cap occidental jusqu’à la Zambie et l’Angola. Des individus peuvent mesurer jusqu’à 12 m de haut si la quantité en eau est suffisante. En règle générale, il mesurera autour de 8-10 m. Il a une durée de vie de 30 à 40 ans. Il est déconseillé de le planter à proximité des habitations, car son système racinaire est très vigoureux.
Les utilisations liées à l’Acacia karroo
Les populations utilisent la sève de l’arbre comme une gomme. Elle fut même utilisée à une époque pour confectionner les confiseries. Elle serait semblable à la gomme arabique. Le tanin présent dans l’écorce sert à « bronzer » le cuir, mais ce dernier dégage une odeur peu agréable. Le Karroo peut aussi être utilisé comme fourrage. Le bois sert de piquet de clôture et est utilisé pour la fabrication de radeaux. Les épines, en réalité des stipules transformées (pièces foliaires fixées à l’aisselle des feuilles), sont utilisées comme « aiguilles à coudre ». Un naturaliste les utilisait pour fixer les insectes sur ses planches. En médecine, il peut être utilisé comme cataplasme ou pour lutter contre le rhume.
Les jardiniers du Domaine du Rayol