Le 2 août 2017
Aux abords de la Méditerranée, certains facteurs régissent la saison estivale. L’air est sec, l’herbe jaune, l’eau quasiment absente depuis plusieurs mois. Un panaché de fumée est visible au loin. Le feu était là, élément omniprésent dans le climat méditerranéen. Des végétaux s’y adaptent, comme le chêne-liège (Quercus suber).
L’adaptation des végétaux, l’exemple du chêne-liège
Les végétaux ont évolué et se sont adaptés avec cet élément au fil des siècles. Le chêne-liège (Quercus suber) est un bon exemple ! Celui-ci va se couvrir de liège (qui est une excroissance de l’écorce). Epais, il lui sert de protection thermique, vibratoire, et même à se protéger contre les parasites. Les tissus importants de l’arbre (dont les bourgeons) sont protégés. Lorsque le feu est présent et que les flammes lèchent le tronc et les branches de Quercus suber, le liège va se consumer en périphérie. Il va se colmater, ne laissant plus passer l’air. Pas d’air, pas de feu… Le chêne-liège est un bon exemple de plante que l’on appelle pyrophyte, « plante qui résiste au feu ». Dans le maquis, on peut aussi rencontrer d’autres plantes dites pyrophytes tels que l’arbousier, la bruyère arborescente et le pin d’Alep.
Comment obtenir le liège ?
Le liège était déjà utilisé en l’an 3 000 avant J-C pour la confection d’objets destinés à la pêche. Des traces ont été trouvées en Egypte, en Perse, à Babylone et en Chine. Aujourd’hui, il est traditionnellement utilisé pour embouteiller le vin. L’arbre ne meurt pas lorsque l’écorce lui est enlevée (cette opération s’appelle le « démasclage »). Cependant, il est beaucoup plus vulnérable par rapport aux feux, maladies et parasites. Pour confectionner du liège « bouchonnable », l’individu doit subir plusieurs « démasclages ». La première écorce, appelée « mâle » est irrégulière, pas assez dense pour servir de bouchon. A partir de la deuxième écorce, on peut la nommer « femelle », mais c’est seulement à partir de la troisième récolte, que le liège peut être utilisé en tant que bouchon. Les récoltes sont espacées de 9 ans au minimum, permettant d’avoir l’épaisseur adéquate (de liège) sans trop épuiser l’arbre. L’individu va « vivre » en moyenne 16 écorçages, ayant une durée de vie d’un demi-siècle (dans le cas de « culture »).
L’origine du chêne-liège
Notre joli compagnon du Domaine, qui a environ 300 ans et les pieds dans l’eau, peut devenir millénaire, si les conditions le lui permettent. Il fait partie de la famille des Fagaceae. Elle serait apparue sur notre belle sphère bleue, il y a environ 90 millions d’années. Aujourd’hui, les Fagaceae sont surtout répandus dans l’hémisphère Nord et en Asie.
Le chêne-liège a de nombreux cousins dont le chêne pédonculé (Quercus robur) et le chêne vert (Quercus ilex). Ce dernier est largement connu pour les truffes qui vont se développer à ses pieds. La truffe peut être considérée comme l’appareil reproducteur du champignon Tuber melanosporum. Mais comment se fait-il que les truffes se retrouvent au pied de certaines espèces (notamment Quercus) ?
Relations plante / champignon
Grâce aux mycorhizes. La science fait beaucoup d’études sur ses relations plante/champignon et démontre plusieurs types de mycorhizes, principalement deux avec des types intermédiaires. Imaginez un organe mixte entre la racine de la plante et le filament du champignon (il est facile d’apercevoir les mycéliums blancs du champignon dans la couche supérieure d’un sol forestier ou de bois en décomposition). Les filaments vont venir se fixer autour ou dans les cellules (en fonction des types de mycorhizes) d’une racine spécialement conçue par la plante, pour recevoir les échanges.
La plante émet des exsudats racinaires qui sont riches en éléments carbonés, sucre, acide aminé et vitamine (résultat de la photosynthèse). Le champignon va s’en nourrir. En échange, ce dernier va rendre absorbable l’azote du sol, favoriser l’absorption des minéraux et de l’eau pour la plante (très pratique pour les chênes qui vivent dans le climat méditerranéen, où l’eau peut être très rare par moment). Le champignon peut aussi sécréter des hormones de croissance et des antibiotiques pour son hôte. La relation devient symbiotique, le champignon peut se reproduire que s’il est en relation avec une de ses espèces (végétales) d’association. L’orchidée est totalement inféodée aux mycorhizes. Sans elle, la graine de l’orchidée ne pourrait pas germer.
Plus vaste encore, dans un écosystème, différents individus (de la même espèce ou non) peuvent être en interactions grâce aux mycorhizes. Des échanges chimiques et minéraux auront lieu. Les plantules sont aidées par les champignons et les végétaux plus âgés. Il y a de l’entraide dans les écosystèmes…
D’ailleurs, l’organisme le plus grand au monde est un champignon (Armillaria solidipes) couvrant une surface de 965 hectares en Oregon, aux Etats-Unis.
Les jardiniers du Domaine du Rayol